Les FIV débutent début 2008 et se succèdent dans le temps jusqu’en mai 2009. J’en fais 3 (mars 2008, octobre 2008, mai 2009) ainsi qu’une transplantation d’embryons congelés (janvier 2010). Cette période s’intitule : « Quand espoirs, échecs, découragement et tristesse font ménage à quatre ». Une autre période trouble de ma vie dans le prolongement de la précédente. Je déborde de questions existentielles :
- pourquoi je suis sur terre si je ne peux pas transmettre mon amour et mes valeurs à mon enfant ? ; mon ambition première dans la vie étant de réussir ma vie familiale pour qu’un jour mes enfants devenus adultes puissent nous dire un matin vous avez été des parents formidables.
- Pourquoi mon mari reste avec moi alors que je ne lui donnerai jamais d’enfant ?
- Pourquoi certains parents réussissent à faire des gosses alors qu’ils les tuent, les maltraitent ?
- Quel crime j’ai commis pour mériter ça ?

C’est une période bizarre et malsaine de ma vie où je deviens un peu sérial killer dans l’âme. J’étriperai bien tout les parents que je trouve un tant soit peu malveillants avec leur bambin. Beaucoup de défauts, de pêchés capitaux jalonnent mon quotidien pendant cette période ; je suis tantôt envieuse, jalouse, médisante ou coléreuse. Je ne me satisfais de rien, je ne pense qu’à cet enfant qui ne vient pas et qui m’obsède. Je regarde les parents d’un œil critique à la crèche ou dans la rue, je ne parviens pas à me réjouir des annonces de grossesses de mes amis, pas plus que des naissances. Les voir me tourmente pendant plusieurs jours, provoquant des crises de larmes, de l’angoisse et de l’agressivité vis-à-vis de moi-même ou de mes proches. Pour couronner le tout, même si mon corps supporte bien les traitements ; les piqûres, les RDV pour les échographies pelviennes et les prises de sang m’épuisent moralement. Entre la cœlioscopie qui te laisse un smile sous le nombril pour que jamais tu n’oublies cette folle période de ta vie, l’impression de te transformer en ballon de baudruche avec les hormones injectées, les douleurs lorsqu’ils ponctionnent les ovocytes à tes ovaires torturés et enfin, le plus humiliant pour moi qui suis pudique, les multiples visites de ton vagin où tu te retiens de pleurer et de crier « - rendez moi mon corps », il y a un moment où tu sens qu’il est plus sain de cesser de lutter avec Dame nature.

Vers octobre 2008, malgré l’échec de nos deux premières FIV, nous décidons de réapprendre à profiter de la vie et de ce qu’elle nous offre. Je m’apaise, accepte un peu mieux nos difficultés. Nous privilégions notre couple et notre famille en mettant un peu de côté notre bande d’amis qui ont fondés leur propre famille. Je me préserve et évite des souffrances inutiles. Heureusement pour nous, ce sont de véritables amis et ils comprennent sans jamais nous juger (merci les potentiels d’être ce que vous êtes, en attendant de faire à nouveau pleinement partie de cette tribu débordante de marmots, on vous remercie pour votre soutien…..) On se lance dans de nouveaux projets, on prévoit de se faire un voyage par an (mars 2009 ce sera le Costa Rica) on fait des p’tits travaux et de la déco dans la maison et on décide de libérer un p’tit coin de terre dans le jardin en prévision d’un futur potager pour l’été prochain.