Après quelques minutes d’attente, la réunion débute. Elles nous expliquent les démarches, le long chemin à parcourir avant de rencontrer son enfant, l’incertitude de voir son projet aboutir même en étant détenteur de l’agrément, les délais. Une pluie de statistiques, de chiffres concernant l’adoption nationale et internationale de ces dernières années tombent. Concentrée, je prends pleins de notes, même s’ils nous disent que des fascicules nous seront remis. Puis, s’ensuit une succession d’informations inquiétantes, déroutantes. Ils nous dressent la liste des éventuelles maladies, carences, pathologies, et handicaps que peut avoir ou développer notre futur enfant. Ca nous tombe dessus comme un coup de massue. On connaissait cette éventualité mais sortant à peine de l’enfant biologique idéalisé, on a idéalisé aussi notre adoption. On ne nous parle même plus d’enfant sain. On nous déverse le pire: maladies, alcoolisme fœtal, troubles de l’attachement, délais d’attente…. On est tous un peu assommé par ces éléments. Pour clôturer, elles nous passent un film sur deux témoignages d’adoptants dont un d’une famille ayant adopté un enfant porteur de handicap. Lorsqu’elles demandent à l’assemblée si elle a des questions, peu de langues se délient et chacun rentre chez soi digérer comme il peut les infos recueillies.

Cette réunion n’était pas celle qu’on imaginait. On s’attendait aux belles histoires, aux émotions, au positif, et on en est sorti tous les deux découragés par l’insurmontable tableau qu’ils nous ont dressé ...Digérons…Temps et patience sont nos compagnons de route depuis quelque temps. (Avec deux ans de recul, je comprends désormais le sens de cette réunion. Ils informent les futurs parents sur la réalité de l’adoption qui n’est pas toujours aussi rose qu’on le souhaiterai afin d’éviter aux gens de perdre du temps et de l’énergie. C’est très violent mais nécessaire pour ne pas tomber des nues si on est un jour confronté à une ou plusieurs de ces difficultés.)